OCTOBRE 2020 – [Blog] France Relance, les conditions d’une reconquête numérique

France Relance, les conditions d’une reconquête numérique
La feuille de route du gouvernement français, « France Relance », prévoit 7 milliards d’euros au titre du numérique. Avec pour objectif général de bâtir la France de 2030, l’État entend notamment préserver et renforcer les savoir-faire industriels, technologiques et scientifiques français au nom de la souveraineté et de l’indépendance économique. Avec Olivier Teichman, Président et Directeur général de Stordata et Patrick Dufour, Directeur de la stratégie, nous tâchons de mieux saisir les enjeux technologiques que les entreprises, les collectivités et les établissements publics auront à relever, de leurs grands projets d’investissements à leur inscription dans l’écosystème numérique français.

Le plan France Relance est très ambitieux. Pour le seul numérique, 7 milliards d’euros sont engagés, dont 400 millions destinés à la transformation des TPE, PME et ETI. Selon vous, sur quels projets ces entreprises devront-elles se concentrer ? 

Olivier Teichman : Toutes les entreprises le savent ou le soupçonnent, les besoins sont nombreux, variés et complémentaires. Les récents événements sanitaires ont clairement affiché leurs forces et leurs faiblesses IT. Des urgences à corriger, plusieurs aspects récurrents ressortent :
En premier lieu, l’intégration aux systèmes de solutions collaboratives fiables, sécurisées et performantes, capables d’opérer en temps record un passage au télétravail massif au besoin.
Or ces solutions impliquent de disposer d’une connectivité réseau basée sur la fibre optique. Les territoires sont encore peu équipés, de manière fragmentée, partielle. Seule la fibre optique peut améliorer les débits, réduire la latence, augmenter la fiabilité du lien réseau. In fine, soutenir l’usage des outils collaboratifs.

Patrick Dufour : L’accès à la fibre optique est aussi et surtout un des piliers de l’adoption de nouveaux usages IT, une première étape vers une transformation des méthodes. Sans un accès fibre effectif, une meilleure utilisation des ressources du Cloud reste un vœu pieux. Le choix du Cloud en outre doit se faire avec circonspection, en s’appuyant sur la connaissance fine de ses besoins, sa donnée et son infrastructure existante. Mais il permet de limiter les investissements tout en s’ouvrant à de nouvelles technologies porteuses comme la conteneurisation ou l’intelligence artificielle. 

Course à l’échalote et méfiance des acheteurs Vous citez les territoires, concernés également par le plan. Quel regard portez-vous sur le rôle du secteur public décentralisé pour contribuer à la compétitivité numérique des entreprises locales ? 

Olivier Teichman : Au-delà d’un éventuel soutien économique régional, les collectivités peuvent contribuer à l’effort global de digitalisation et de sécurité informatique avec des projets de regroupement des ressources. En constituant des pools de ressources informatiques, au travers des groupements d’intérêt public ou de centres de services locaux, elles renforcent la capacité budgétaire, toujours délicate à l’échelle d’une seule commune ou d’un établissement, offrent de meilleures conditions d’accès au numérique et plus de garanties de sécurité.
N’oublions pas que les territoires aussi sont soumis aux règles de protection des données personnelles, qu’ils sont engagés dans le processus de transition digitale et doivent assumer, au quotidien, un service public en pleine évolution. Les effets indirects de leur activité numérique se mesurent sur les populations et les entreprises locales, encouragées à développer des compétences numériques nouvelles et à s’équiper. C’est un mécanisme lent, mais aux perspectives vertueuses. 

Il y a une volonté d’accélérer l’innovation, mais concrètement, sur quels leviers s’appuyer pour la mettre en œuvre dans son entreprise ?  

Patrick Dufour : L’innovation s’appuie en partie sur la transformation numérique/digitale des entreprises. Premier état de fait, elle n’est pas engagée partout, tant s’en faut. Elle démarre d’une observation des méthodes de travail de l’entreprise, systématique et méthodique : chaque service et chaque usage doit être passé au crible de la digitalisation. Très vite, l’entreprise constate qu’une telle démarche ne structure pas que la question IT, mais l’ensemble de l’organisation et ses processus.


Olivier Teichman : Le rôle d’une DSI a pris une ampleur considérable. L’on ne conçoit plus un projet sans que l’IT soit présent dans la boucle dès le départ. La DSI est à la fois moteur de la digitalisation, pourvoyeuse de nouveaux moyens, garante de la sécurité du patrimoine informationnel comme de la productivité, initiatrice de nouveaux business models et d’usages innovants en collaboration permanente avec les métiers. C’est une très grande responsabilité qui nécessite des moyens à la hauteur.
En contrepartie, la promesse est une amélioration notable de la productivité, de la visibilité, de l’extension des marchés de l’entreprise et de l’optimisation des coûts de production. 

À quel degré la dépendance des entreprises françaises aux grands acteurs technologiques outre-Atlantique représente-t-elle, selon vous, un danger ? Et comment s’assurer au moins en partie de participer au réveil de la souveraineté numérique française ?

Patrick Dufour : Les dangers de la dépendance technologique sont nombreux. On citera en exemple le risque de transmission des données personnelles de citoyens européens vers d’autres États moins rigoureux sur l’utilisation qui peut en être faite, la raréfaction de ressources informatiques nationales, la perte d’autonomie et d’expertise sur les infrastructures, l’accès volontairement retardé aux moyens. À terme, le risque porte sur la privation de négociation.

Olivier Teichman : Il y a lieu de penser local avant tout, pour favoriser le tissu des fournisseurs français et européens, parfaitement en mesure de livrer des ressources analogues à celles des providers étrangers, à des coûts proches, voire identiques. La nuance subsiste encore au niveau de la diversité des services proposés, et de la montée en charge possible. Il n’y a pas de miracle : plus les opérateurs français et européens sont sollicités, plus ils investissent pour proposer des niveaux de services équivalents. Sans compter qu’ils ont pour eux une offre de services managés et souvent sur-mesure que les grands providers mondiaux sont incapables d’opérer.

Patrick Dufour : En Backup as a Service par exemple, un domaine vital des entreprises, nos clients privilégient désormais l’offre Stordata et ses services managés, parce qu’ils sont opérés par une entreprise française, sur le territoire, avec un centre d’assistance en langue française. Cette évolution du Cloud à la fois rassure, réengage la confiance et leur permet de garder la maîtrise de leurs projets

Au-delà des sommes à investir, quels sont alors les points fondamentaux d’une transition numérique à retenir ?    

Olivier Teichman : Les grandes lignes directrices d’une transition numérique réussie sont, nous dirions, au nombre de 3. Il faut tout d’abord veiller à la préservation et à l’exploitation du capital IT. Nous parlons essentiellement de la donnée, produite et collectée par l’entreprise. La valeur de ce capital est encore mal mesurée, mais nous savons sans conteste qu’elle est essentielle à la transition. Il faudra alors apprendre à la protéger pour mieux l’utiliser.
Le deuxième point porte évidemment sur les efforts à consacrer à l’analytique de la donnée. Les progrès en la matière sont redoutables et de plus en plus d’organisations parviennent à extraire des résultats opérationnels.
Enfin, le lecteur s’en doutera, nous encourageons les entreprises à travailler l’introduction de l’intelligence artificielle dans leurs processus. Un petit projet sponsor permet de s’entraîner à l’IA sans risque inutile et d’apprendre à en maîtriser les technologies. Son industrialisation ou sa généralisation à des projets de plus grande ampleur ne vient qu’après.

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